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Meubles de classe

Éducation

Affaire Oudéa-Castéra : "l'entre-soi pour nous et la mixité sociale (ethnique) pour les autres

Frédéric AMOUDRU

Ancien cadre dirigeant du secteur bancaire.

Membre de l’institut Vivre Français.

 


Le couple Oudéa-Castéra figure sans doute dans le 0.1% des ménages les plus riches de France. Monsieur a été pendant des années le patron de la Société Générale, après en avoir été un de ses cadres dirigeants.

Il a gagné des millions et a payé des sommes faramineuses d’impôts. Madame, issue de la grande bourgeoisie parisienne et ultra-diplômée, a eu une carrière mi-publique, mi-privée avant de devenir ministre des sports puis ministre de l'éducation nationale et des sports.

On ne s’étonnera pas que ce couple ultra-friqué fasse partie de la « macronie » et on ne lui reprochera pas de mettre ses enfants dans l'un des établissements privés les plus huppés de la capitale. Après tout, vu leurs moyens, ils auraient pu inscrire leurs rejetons dans un pensionnat hyper-chic en Suisse.

Nettement plus gênant est le mensonge caractérisé de la nouvelle ministre pour justifier leur choix.

À l'entendre, l'aîné faisait face à l'absentéisme de son institutrice dans une école publique du plus privilégié arrondissement de Paris, le VIème.

Ce fameux absentéisme qui fait perdre 15 millions d'heures de cours aux petits et jeunes Français qui fréquentent l'éducation nationale.

Sauf que le gamin n'est resté que six mois dans cette école et que l'institutrice en question, aujourd'hui en retraite, conteste les allégations de la ministre. Elle assurait ses cours et les absences étaient remplacées.

On aura d'ailleurs du mal à faire croire aux Français moyens que c’est dans les écoles publiques des quartiers les plus chics de la "ville lumière" que les profs sont les plus absents.

Nous sommes dans un pays libre dans lequel on a le choix théorique entre l'enseignement public et privé. D'autant que ce dernier est largement subventionné par l'État (73%) et se retrouve à être, sauf exception, finalement assez abordable comparé à ce qui se passe dans d'autres pays européens. Contrairement à une idée reçue, la part des enfants scolarisés dans le privé a peu augmenté ces dernières années et se situe aux alentours de 17%.

Certains pourraient penser que la qualité de l’éducation y est meilleure car les professeurs y sont mieux payés. Ce n’est pas le cas. Rappelons d’abord que les enseignants des établissements privés sous contrat avec l’État, l’immense majorité, sont rémunérés par ce dernier et avec une grille de rémunération quasi-identique à celle de l’Éducation Nationale.

Du coup, les difficultés de recrutement y sont présentes aussi, mais les études démontrent que les remplacements, et en particulier pour les absences de courte durée, sont bien mieux assurés dans le privé, plus autonome dans sa gestion RH que le « mammouth » de l’Éducation Nationale.

Quoiqu'il en soit et comme l'explique très bien Marco Oberti, professeur de sociologie et grand spécialiste de la ségrégation scolaire, dans un article du 25 avril 2023 intitulé « Enseignement privé et ségrégation scolaire. L'enjeu de la diversité socio-territoriale », on assiste à une concentration croissante des classes favorisées dans l'enseignement privé, en particulier dans les grandes métropoles.

Enseignement privé et ségrégation scolaire - La Vie des Idées (laviedesidees.fr)

Quelques citations :

« Beaucoup plus que les demandes de dérogations pour un autre établissement public, le recours au privé constitue la voie principale d’évitement du collège de secteur, surtout dans les grandes villes. »

« On constate en effet que la part d’élèves issus des classes supérieures est nettement plus importante dans le privé, et surtout qu’elle augmente dans toutes les villes entre 2007 et 2019 ; alors qu’elle reste stable dans le public [...] »

« ... alors que le poids des catégories populaires baisse dans la population active, il augmente dans les collèges publics. »

L'augmentation du poids des élèves favorisés dans les collèges privés d’une part, et la baisse de la part d’élèves d’origine populaire d’autre part, se traduisent par une différenciation sociale plus marquée entre les collèges publics et privés, expliquant en moyenne 30% de la ségrégation scolaire globale. Dans certaines villes, comme Toulouse et Lyon, cette part augmente de façon très significative au cours de la dernière décennie (respectivement de 6% à 28% à Toulouse, et de 17% à 36% à Lille).

C’est surtout dans les plus grandes villes, et dans certaines plus que dans d’autres, que l’enseignement privé se différencie le plus nettement d’une large partie de l’enseignement public, par son profil très favorisé et très homogène, conduisant à l’autre extrémité à une forte homogénéité sociale des collèges publics les plus défavorisés.

Même si la contribution du public à la ségrégation totale reste plus importante que celle du privé, la tendance est bien à l’augmentation de la part d’élèves issus des classes supérieures dans le privé et surtout de la différenciation sociale entre les deux secteurs.

Comment expliquer cette fuite progressive des élites hors du public ? La réponse est complexe et sans doute multifactorielle. Une chose est sûre, ce n’est pas, en tout cas pour une majorité de « fuyards », par choix d’une éducation religieuse même si 96% des établissements privés sont catholiques.

La dégradation de la discipline qui réduit le temps dédié à la transmission du savoir et augmente celui consacré à tenter de ramener le calme. Mais n’est-ce pas logique puisque depuis des années il est de bon ton de contester la notion d’autorité et de minimiser les sanctions pour les fauteurs de troubles qui, en raison de l’obligation de scolarité, sont transférés d’un établissement public à un autre alors que dans le privé on les dégage purement et simplement.

La perception d’une baisse du niveau qui tient d’abord au facteur précédent mais aussi à la part croissante d’élèves de milieux sociaux défavorisés et peut-être à la qualité décroissante du niveau des enseignants, puisque ce beau métier attire de moins en moins depuis de nombreuses années.

L’augmentation de la violence en milieu scolaire public, en tout cas dans certaines zones. Il serait injuste de tout mettre sur le dos de l’immigration extra-européenne, en tout cas celle du Maghreb, d'Afrique sub-saharienne et du Moyen-Orient, mais comment ne pas faire le lien entre cette détérioration de l’école publique et la montée de la part des jeunes Arabes et Noirs, pour parler crûment, de première, deuxième et maintenant troisième génération dans la jeunesse française.

Il n’est pas question d’assignation raciale. Blancs, Jaunes, Indiens, Arabes, Noirs, nous avons tous le même cerveau et la même capacité à apprendre et à atteindre l’excellence.

Mais nous savons parfaitement que ce sont les populations arabo-afro-musulmanes qui concentrent les plus grandes difficultés sociales et d’intégration dans notre pays.

Ce sont d’ailleurs les chercheurs en sciences sociales de gauche qui dénoncent cette situation.

Ils y voient les résultats d’un racisme systémique et d’un « manque de moyens », alors que la majorité des Français n’y croit pas et ne voit pas de toute façon ce que nous pourrions faire de plus, vu l’énormité de l’effort social déjà consacré aux classes populaires et en particulier la fameuse « politique de la ville » ciblée sur les quartiers difficiles où se condense l’immigration originaire du tiers-monde.

D’où la contestation croissante d’une politique d’immigration qui laisse entrer et rester dans notre pays toujours plus de gens qui ont les mêmes caractéristiques que leurs prédécesseurs qui peinent déjà tant à se faire une place décente dans la société française et dont les « difficultés » créent des « problèmes » pour tout le monde.

Et c’est en matière scolaire qu’explose le contraste entre le discours de la classe dirigeante progressiste et immigrationniste et son comportement. Elle prône la "mixité sociale" à l’école, terme élégant pour désigner la mixité ethnoculturelle, alors qu'elle l'évite à tout prix en mettant sa progéniture à l'abri de la fréquentation des jeunes Maghrébins et Africains.

"La France s'enrichit de l'immigration" d'après l'oligarchie, mais curieusement elle ne veut pas faire profiter ses enfants de cette manne dans cette période fondamentale de la vie où se crée le « vivre ensemble ».

La bourgeoisie et la classe moyenne supérieure qui « pense et vote bien » déploie tout un langage codé pour justifier son évitement du bahut public que lui assigne la carte scolaire sans jamais mentionner le mot immigration car "ces gens-là" comme disait Jacques Brel ne veulent pas paraître d'extrême droite.

On parle donc d'école, collège ou lycée "mal fréquenté", où "le niveau est trop bas", où "la discipline laisse à désirer", etc.

Conclusion : l’Education Nationale comme le reste de la société s’est dégradée, parmi d’autres causes par le « Grand Remplacement » et les classes sociales qui électoralement et idéologiquement ont contribué à ce phénomène mettent leurs enfants dans les canots de sauvetage que constituent les établissements privés laissant les autre jeunes du pays couler lentement avec le reste du paquebot « France ».

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