Société
Une France sans enfants est une France qui meurt
Jean MESSIHA
Président de l’institut Vivre Français,
Frédéric AMOUDRU
Ancien cadre dirigeant du secteur bancaire.
Membre de l’institut Vivre Français.
Face au vieillissement de la population, Emmanuel Macron souhaite un « réarmement démographique ». Il a raison. Mais comment faire sans une politique nataliste digne de ce nom ?
Au cours de son grand bavardage du 16 janvier au soir intitulé « grand rendez-vous avec la nation », Emmanuel Macron a évoqué — et à raison — le problème de la natalité en France. Celle-ci est en forte baisse depuis quelques années, symbolisée par un taux de fécondité déclinant. Le président souhaite, à juste titre, un « réarmement démographique ». Mais comment ?
La réponse peut paraître évidente. Mais elle ne l’est pas tant que cela. En tout cas pour ce qui concerne le court terme. Que nous disent les données démographiques et économiques ? La part des 15-24 ans baisse dans la population. Cette tendance est inquiétante puisqu’elle pourrait signifier que nous allons manquer de jeunes bras et de jeunes cerveaux pour dynamiser notre économie. Le problème est que c’est précisément dans cette tranche d’âge que le taux de chômage est le plus élevé, atteignant 17,3 % en 2022, c’est-à-dire nettement au-dessus du taux moyen qui est de 7,3 %.
Rendons au moins partiellement à Macron ce qui lui revient : ce taux était de plus de 25 % en 2015 et a donc fortement baissé, certes pour se stabiliser aujourd’hui, mais à un niveau très supérieur à la moyenne européenne qui est de 14,5 % pour cette tranche d’âge. Laquelle est touchée de plein fouet par un chômage massif, dans le paroxysme du paradoxe qui affecte la France : “on manque de main-d’œuvre, il faut des migrants”. Paradoxe martelé avec une déconcertante continuité et par le Medef et par les économistes libéraux. Répétons cette évidence pour plus de pédagogie : comment réclamer davantage de migrants quand un jeune sur sept ne trouve pas de boulot ?
Les paradoxes de l’IA et des immigrationnistes
Par ailleurs, on nous explique que le report de l’âge légal de la retraite à 64 ans va augmenter de 200 000 personnes les participants au marché du travail. Il y a donc, au moins numériquement, bien assez de monde pour occuper les postes vacants et dans tous les métiers, du moins si les bonnes politiques étaient mises en œuvre, comme nous l’évoquions dans notre tribune du 16 novembre 2023 !
En outre, on nous annonce que la révolution naissante de l’intelligence artificielle (IA) détruira des emplois dans les années qui viennent. Dès lors, comment les gaucho-“progressistes” peuvent-ils asséner à qui veut l’entendre qu’il faut toujours plus de main-d’œuvre immigrée quand l’IA promet de détruire des millions d’emplois, et que les emplois que cette même IA va créer ont toutes les chances d’être des emplois qualifiés qui risquent d’accroître ce que les économistes appellent le « mismatch » (des demandeurs d’emploi non qualifiés pour occuper les emplois vacants) ? Il n’y a ainsi aucune raison de céder aux objurgations des immigrationnistes à court/moyen terme, comme le confirme, au demeurant, une franche majorité de Français qui, à 69%, considère qu’il ne faut pas favoriser l’immigration pour assurer l’avenir démographique du pays (voir le sondage exclusif de l’institut CSA pour CNews du 17 janvier).
Les féministes radicales ont raison sur un point…
Toutefois, à long terme, le vieillissement de la population n’est évidemment pas soutenable et une politique nataliste s’avère indispensable en l’état actuel de notre démographie. Il est rarissime que nous soyons en accord avec les féministes radicales mais elles ont raison sur au moins un point : il n’est pas question de faire injonction aux femmes de faire des enfants. Les hommes sont aussi parties prenantes de la renaissance démographique, non pas en tant que simples géniteurs, mais en tant que parents partageant équitablement le bonheur, bien sûr, et la charge des tâches ménagères et éducatives.
Les mentalités ont, en effet, profondément évolué depuis des décennies. Il reste sans doute encore du chemin à faire car tout montre qu’un nombre croissant de femmes veulent aussi s’épanouir dans leur travail, faire carrière et avoir une vie sociale, ce qui suppose d’être vraiment deux dans la parentalité. Le redressement de la natalité doit être incitée par la puissance publique au travers de politiques adaptées. Mais avoir des enfants doit rester le résultat d’un désir réel et, surtout, d’une volonté et d’une capacité à aimer, éduquer et à sacrifier un peu.
Zéro gaz à effet de serre, taux de natalité à 1,68
Penchons-nous d’abord sur les chiffres. Sommes-nous face à un déclin tendanciel et inéluctable ? La réponse à cette question est mitigée. Après le baby-boom de l’après-guerre qui a duré jusqu’au milieu des années 1960 avec un taux de fécondité supérieur à 2,5 enfants par femme, ce dernier amorce une baisse très nette et atteint un creux de 1,66 en 1994, avant d’entamer une franche remontada jusqu’au milieu des années 2000 à deux enfants par femme, remontada malheureusement suivie d’un nouveau déclin assez rapide qui nous amène à ce niveau dramatique de 1,68 en 2023.
Analysons à présent des causes mais surtout des solutions de cette nouvelle baisse. Comme souvent, une telle analyse est complexe car se mêlent considérations subjectives et données objectives.
L’angoisse climatique est parfois avancée pour expliquer la réticence à mettre au monde un enfant. Disons les choses. Le monde est engagé avec les COP successives dans un long processus de décarbonation de nos sociétés avec un objectif zéro émission nette en 2050. Le débat reste vif dans les pays occidentaux sur la soutenabilité sociale et économique du rythme adopté. Mais il n’y a pas de remise en cause de la date de réalisation de l’objectif final. S’il faut décaler, par exemple à 2035 — ce à quoi nous étions engagés — au lieu de 2030, personne de sérieux ne pourra nous raconter que cela aura le moindre impact sur un climat mondial qui évolue depuis des décennies.
Préserver notre civilisation française
La quête de sens est aussi une des grandes problématiques humaines. La religion n’étant plus d’un grand recours dans un pays qui s’est profondément déchristianisé, c’est la perpétuation d’une belle civilisation française, subtile mélange d’héritage gréco-latin, de judéo-christianisme, d’esprit des Lumières et de modernité occidentale qui peut nous motiver.
Or la pérennité de ce que nous sommes est impossible si l’immigration arabo-afro-islamique prend numériquement le dessus. L’islamisation est une annihilation ou au mieux une marginalisation de la culture qui la précède. Penser qu’il puisse exister un jour une France qui conserve son européanité civilisationnelle avec une population très fortement musulmane est une utopie à peu près aussi folle que “le communisme paradis des peuples”. Sans parler de l’ensauvagement de notre pays par des migrants d’Afrique et du Moyen-Orient, leurs enfants et même leurs petits-enfants. L’insécurité rampante ou flambante selon les territoires crée un climat anxiogène qui ne fait pas voir l’avenir de ses futurs enfants avec sérénité. En 2027, les Français pourront tourner la dernière page du long chapitre antinational et follement immigrationniste entamée après le départ du général de Gaulle.